Treizain de mariage en or
€9 400
Treizain de mariage en or 750/000 complet avec ses treize Napoléons de 20 francs. Poinçon tête d’aigle.
Treizain de mariage en or de l’époque Art Nouveau, complet avec ses treize pièces de vingt francs en or, datant entre 1850 et 1918. Rare
81 x 81 mm, poinçon de tête d’aigle, numéroté n°4629, 98 grammes. Pièces fournies séparément.
Depuis au moins le 14ᵉ siècle et peut-être depuis le temps de Clovis, le fiancé offrait à sa fiancée lors de la cérémonie un treizain de mariage. Le treizain consiste en treize pièces ou jetons en or ou en argent. Le nombre treize représente les douze apôtres et Jésus, et leur don symbolisait une compensation pour les biens apportés à l’union par la fiancée. Le treizain de mariage était offert soit dans un étui particulier, soit dans une bourse ou un écrin. La bourse pouvait être en or, vermeil, argent ou soie. Une, voire trois des treize pièces étaient prélevées par le prêtre, les autres étaient prévues pour être gardées toute la vie, mais elles étaient presque toujours dépensées un des jours de grand besoin qui arrive dans toutes les vies. C’est pourquoi les treizains complets sont très rares de nos jours. Dans le trésor d’Erfurt, Allemagne, découvert en 1998, on remarque une boîte à treizain (vide) en vermeil datant du 14ᵉ siècle.
Le treizain consistait soit de pièces de circulation, soit de jetons spécialement faites et marqués de textes référents à l’amour et la fidélité.
Les jetons français sont marqués avec de diverses légendes : « pour épouser » – « pour espouser » – « denier tournois » – « denier de foy » – « de nous deux cœurs une seule foy » – « pour toujours unis » – « la foi nous unit », etc. Les monnaies offertes étaient soit en or, soit en argent, ces derniers souvent dorés. Les plus anciennes sont souvent des bractéates (du latin bractea, morceau mince de métal) où l’empreinte est en relief sur la face et en creux sur le revers. Des paires de bractéates sont quelques fois soudées ensembles, on parle alors de bractéates assemblées. Dans la collection de bijoux de la comtesse de Sault inventorié en 1595 se trouvait « une bourse en satin cramoisy dans laquelle y a 13 doubles pistolletz d’Espaigne et 13 petites pièces d’or, où sont gravées les armes de Créquy qui furent données à madame la comtesse à ses deux mariages. » (2) (Les pistolletz sont des pièces d’or espagnol). La tradition d’offrir un treizain a cessé en France, mais continue aujourd’hui en Espagne où des bourses en velours avec treize jetons en argent sont encore offertes.
La plus vénérable référence sur les treizains de mariage anciens est celui de Jules Florange : L’amour et le mariage dans la numismatique, publié en 1936. On ne peux pas mieux faire que de citer quelques passages ici :
« Au tome VII du Dictionnaire de Trévoux, on lit : « Treizain. Monnaie qui valait autrefois 13 deniers, qui était faite comme un sol, mais un peu plus large. « Tudenarius perdenus »
C’était la coutume autrefois de donner un treizain à la messe des épousailles, comme le dit Fauchet. Frédégaire rapporte que les envoyés de Clovis allant fiancer Clotilde lui offrirent un sol et un denier, « per solidum et denarium desponsavit ». Cette offrande était également en vigueur chez les Saxons, les Allemands et les Bourguignons.
Dans le tome II du Dictionnaire des cérémonies et des rites sacrés (Collection Migne. Édition de 1848), l’on lit ceci :
« 1° C’est une marque du douaire dont les parties sont convenues, que les lois appellent pretium virginitatis ;
2° C’est pour montrer qu’ils entrent en communauté réciproque de biens.
Pourquoi bénit-on cette pièce de monnaie ? 1° Pour prier Dieu, qu’il lui plaise de donner la bénédiction au travail des mariés et leur donner suffisance des choses temporelles, d’où vient qu’en certains lieux le prêtre, en mettant cette pièce de monnaie dans la main du mari, leur dit :Laboreo manuum vestarum manducabitis, beatis eritis et bene vobis erit. 2° Pour apprendre à ceux qui se marient qu’ils doivent faire un saint usage de leurs biens et ne servir que des voies justes et légitimes pour en acquérir. »
Et dans le Manuel d’Arras, les treize pièces sont données « en l’honneur de Jésus-Christ et de ses douze apôtres ».
Il convient de rappeler qu’avant la révolution, en France, le système monétaire était basé sur le système Romain : douze deniers (denarius) faisait un sol (solidus) et vingt sols un livre (libra). Il y avait donc 240 deniers dans un livre, pas facile pour faire des calculs ! (Ce système fut remplacé par le franc Germinal par Napoléon en 1803 et, incroyablement, a perduré en Angleterre et ses colonies avec les pennies, shillings et livres jusqu’en 1971 pour Angleterre avec l’introduction du système décimal !) Un treizain représentait ainsi un denier, la pièce le plus petite, et un sol, la pièce suivante.